samedi 23 décembre 2017

Les flammes jumelles

23.12.2017


Notre relation est probablement la plus belle que j’ai jamais vue de ma vie, et c’est probablement aussi la plus minable. « Vue », parce que pour trouver des références compréhensibles à poser sur notre vécu je dois aller rechercher parmi toutes les relations que j’ai jamais rencontré/lues/vues/entendues ever, et donc pas seulement les miennes. C’est un ovni.

Tu as déjà entendu parler d’une relation comme ça ? Qui va jusque là, qui passe par ces chemins-là ? Qui aboutit à ça ? Pas moi.

C’est pas ce truc où j’essaye de dire que ma relation est la plus unique de toutes, c’est un aveux. Il fut très difficile de mettre le doigt sur ce qui se passait exactement et c’est probablement ce qui est, et ce qui fut le plus dérangeant tout du long. Cette question :

« Mais qu’est-ce qui se passe ici putain ?! »

Minable parce que, au-delà du côté éminemment spirituel et transcendentalement bizarre de tout ça, cette relation nous a révélé dans une humanité qui fait peine à voir. On s’est mis minable, on a mis l’ensemble de notre entourage minable, mais moins (ce qui nous sauve un peu). Sauf nos familles respectives, auxquelles on a probablement fait le plus de tort. Avions-nous raison ? Je pense que oui, nous avons fait les choix qui s’imposaient. Est-ce qu’on y a pris du plaisir ? Non, les choses ne sont pas si simples.

Pour comprendre, il faut d’abord admettre ce que nous avons admis par la force des choses. Il faut aller voir au fond des égouts de l’humanité, et il faut aller voir sur les sommets les plus hauts. Bref, il faut être complètement fou, et désespéré pour comprendre. Si un jour quelqu’un lit ces lignes et comprend, sachez que je vous vois, je vous connais. Vous portez en vous cette germe de désespoir que vous voulez cacher au reste du monde. Mais vous ne me la ferez pas à l’envers.

Avez-vous déjà fait ce rêve où vous étiez complètement nus au milieu d’une foule de gens qui vous regardaient et riaient de vous ?

Pas moi. J’étais trop occupée à sauver le monde d’une horde de zombies façon Indiana Jones sous crack, ou tout simplement en train de courir pour fuir un ennemi qui s’avère pitoyablement n’être que moi-même.

Avez-vous déjà marché dans la rue comme si l’entièreté de votre corps était en feu et que le souffle des flammes vous traversait de part en part, comme si vous n’étiez rien, rien d’autre qu’une armature en mouvement qui évolue dans un univers aux forces mouvantes ?

Ça, par contre, je l’ai fait. Je le fais encore. C’est comme ça maintenant. C’est la complète vulnérabilité, quand je ne suis pas assez occupée à me regarder moi-même pour essayer d’agir en fonction de mon fort intérieur qui, en réalité, ne m’est pas aussi accessible que j’ai toujours bien voulu le croire.

Comment ça c’est intense, alors comme ça c’est too much ? J’en fais trop ? Mensonges ! J’en fais pas assez. Les esprits humains semblent végéter, juste comme le mien avant que je ne rentre dans cette espèce de vortex relationnel. Oh, on croit qu’on sait. On croit qu’on connait des choses, on avance les poches remplies de certitudes. On croit qu’on veut, on croit qu’on peut, on croit tout court. J’ai la foi, vous savez ? Ce n’est pas une revendication, c’est une observation neutre.

Alors aujourd’hui j’essaye de faire ce truc que j’avais tant de facilité à faire avant : observer ma vie de manière complètement égocentrée et dénuée de jugeote, pour essayer de retrouver dans ma mémoire les fragments de ce qui s’est passé quand tout ça a commencé.

Voyons voir.

Oh. Ca me semble si inintéressant aujourd’hui. Avez-vous remarqué que, plus vous vivez dans l’instant présent, et plus votre histoire vous semble sans intérêt ? Un peu comme lorsque vous êtes enfant et que votre mère tente de créer un lien factice entre vous et elle. Elle vous demande alors ce que vous avez fait à l’école et ce que vous avez mangé à la cantine, après avoir échoué à vous faire simplement raconter votre journée. « Je ne sais pas », ou, en d’autres termes : « Je m’en fou de tes questions, ce qui est passé est passé, qu’est-ce qui t’intéresse tant là-dedans maman, sérieux ? ». Oh, bien sûr, une enfant de 7 ans ne dirait pas ce genre de choses. Elle les pense, seulement. Je me souviens mieux de mon enfance justement parce que j’ai cru comprendre que ce n’était pas satisfaisant pour ma mère si je n’avais aucune histoire à lui raconter sur ma journée. Et c’était insatisfaisant pour mes « amies » au collège si je n’avais pas une personnalité bien affirmée. J’ai cru comprendre ? C’était comme ça, il fallait le faire. Et je me décortiquais avec toute la haine du monde au lieu de crier : « Mais laissez-moi vivre ! ».

Est-ce que tu peux t’identifier à mon histoire ? Eprouver cette compassion que tu attends d’éprouver quand tu lis quelque chose à propos de quelqu’un ?

Alors tu devrais très certainement détester l’histoire de Marcel (appelons-le ainsi). Oh, il n’a pas eu ce genre d’histoire qu’on aime lire. Il n’était pas le héros de l’histoire, même dans sa tête. Car bien qu’il arrivait toujours à se mentir au point de croire qu’il jouait le rôle de la victime, eh bien, il ne se plaçait pas dans le rôle du héros. Pas comme nous. Tu sais, nous, les gens qui avons appris à façonner une personnalité que nous avons voulu la plus sympa et intéressante possible, histoire de ne pas se faire chier dans notre vie.

Marcel n’en a que faire de se faire chier dans son histoire, puisque d’histoire, il n’en a pas. Il n’a que des bribes, des échos, des esquisses de scénario, décousu. Déformé, flou et incomplet. Son histoire a plus de trous que mon CV d’inadaptée sociale.

Et comment font deux personnes aussi dramatiquement communes pour créer un drame si fort qu’elles se sentiront enfin vivantes ?

La transcendance. Hm.

Ou plutôt, le déni d’humanité. Ni conscient ni assumé, ni porté fièrement ni même exhibé. Juste là, tapi dans l’ombre, attendant le moment propice pour foutre vos vies en l’air et révéler ce que vous avez toujours été : la vie elle-même. La perfection incarnée. Et qui recherche ça parmi les humains ? Qui veut redevenir un animal et cesser de croire en la supériorité de l’intellect ?

Je l’ai déjà dit : les fous, les désespérés, ceux qui souffrent et ceux qui ont assez de bourgeoisie dans les veines pour se poser ce genre de question à la con.

Pourtant l’argent, Marcel et moi on n’en a rien à foutre. Surtout Marcel, parce que lui, l’argent, il en a jamais eu. Et moi, j’en ai eu tellement marre que j’ai préféré devenir vagabond. A quoi ça sert, l’argent ? C’est ça la vraie question. A quoi ça sert ? A quoi ça SERT bon sang. L’argent ça sert. Arrêtons donc de croire que l’argent c’est une valeur à part entière, l’argent c’est rien, c’est rien qu’un moyen, mais soyez au moins lucide sur le but dans lequel vous utilisez l’argent. Si l’argent servait à torcher les culs peut-être qu’on verrait tout de suite en quoi c’est problématique d’en garder autant dans un coffre à la banque, ou pire, d’essayer d’accumuler un chiffre, aussi significatif qu’un trophée acquis grâce à votre temps passé sur League of Legend.


On fera quoi, Marcel et moi, quand on sera grand ? L’adulte existe dans un monde où les enfants ont désespérément peur. Il faut alors se créer un statut, constater la maturité de manière chiffrée, d’après une échelle, graduée, et les commentaires approbateurs des autres bébés en manque d’affection qui vous dirons « Bravo, vous avez réussi ». Et on s’auto-congratule d’être adulte ou de ne pas en être, c’est selon.

Oui mais il faut bien se reconnaître, me direz-vous. L’humain est un animal grégaire, il doit pouvoir créer une tribu facilement, en un seul coup d’œil déterminer qui sont les gentils et qui sont les méchants. A moins que ?

Le métier n’est donc pas une façon simple de classer les enfants selon une échelle de valeur digne du plus élaboré conservatisme indien ? M’aurait-on menti ?

On s’intéresse alors à nos passions, car ce que l’on aime faire nous définit n’est-ce pas ? Alors moi je veux faire « lectrice » même si ça fait rire tout le monde et que ça n’existe pas. Oh et puis zut, de toute façon je ne lis plus autant (c’était juste ma façon de ne pas dormir).

Marcel il veut devenir écrivain. Il prenait ça très au sérieux comme quelque chose que l’on met sur un piédestal avec trop de ferveur pour que ce soit honnête. Marcel veut, en réalité, sauver le monde. Mais à la différence de beaucoup, il prend ça tellement à bras-le-corps qu’il le fera probablement. On veut tous sauver le monde, n’est-ce pas ? A notre façon, on veut sauver le monde, et la raison pour laquelle on veut sauver le monde est qu’on sait qu’il ne tourne pas rond. On veut sauver le monde pour sauver notre apparence, le monde c’est nous, mais chut, c’est un secret.

Marcel non, il ne veut pas se sauver lui-même, parce qu’il sait comment vivre sans s’aimer. Il suffit de ne pas y penser et de se droguer à la vie.

C’est là que j’interviens, et que je lui explique avec mes grands sabots comment fonctionne l’authenticité. Je lui explique avec tellement de détermination que Lénine en aurait fait autant pour nous convaincre qu’un ordre nouveau pouvait nous mettre tous sur un pied d’égalité. L’égalité, moi j’aime ça. Marcel aussi, mais seulement quand il peut ne pas en faire partie. Alors il m’éjecte, un peu comme on pousse du doigt le moucheron qui vient de s’écraser sur notre casque de moto.

Quel insubordinateur, ce Marcel. En plus, j’étais même pas vraiment attachée à ce qu’il comprenne, voilà, je suis comme ça, je sais reconnaître les cas désespérés. Ben oui quoi, je sais quand il est bon de s’arrêter, moi. Je suis une personne mesurée et fiable. J’ai des valeurs, vous comprenez ? Marcel il comprend pas, alors il faut que je lui prouve. C’est stupide, car après tout il ne mérite pas mon attention.

Et puis quel cœur de pierre je fais. En réalité je ne peux pas me mentir, ça je le sais, être honnête, oh, l’honnêteté j’en connais un rayon. Je me connais bien, et je sais admettre quand je fais de la merde. Donc, disons-le clairement : j’ai merdé, j’ai écouté sa musique. C’était des voix d’ange. Je déconne pas. Une chorale religieuse, avec des hommes (je déteste les voix d’hommes dans une chorale). J’ai trouvé ça merveilleux. Allez savoir, je sais aussi reconnaître quand quelqu’un m’attire. C’est stupide parce qu’il me prend de haut. Il me méprise à un point insupportable.

Non, il ne me prend pas de haut. Il est juste complètement paumé, il sait qu’il vient de tomber dans le terrier du lapin blanc, et que c’est foutu pour lui. Que fait-elle, celle-là ? Est-ce qu’elle vient d’entrer dans mon appartement qui n’est pas mon appartement ? Est-ce qu’on vient de s’embrasser ? Dois-je appeler la police ? Foutu pour foutu, il faudra attendre qu’elle décide par elle-même, et lui laisser la liberté conditionnelle d’avouer qu’elle est folle de moi. Elle le fera, dieu merci, parce que j’étais à deux doigts de me couper les veines.

« OK »

« Je crois que je t’aime »

« … »

« C’est bon, tu n’as pas à me répondre.
-Oui, on, ça ne nous engage à rien.
-Je n’ai aucune envie de rentrer dans une relation sérieuse, je suis très bien toute seule.
-Même chose de mon côté.
-Autant mettre ça au point tout de suite entre nous : un « je t’aime » n’implique pas un « je t’aime », sinon ça ne veut plus rien dire, et les mots sont importants.
-Oui mais de toute façon tu sais déjà ce que j’en pense.
-Je sais tu m’avais déjà dit, ce… Truc.
-Je t’avais déjà dit « Je t’aime »
-Oui. On n’est pas obligé d’en parler.
-Non. »

C’est foutu. Il m’a eu. Le salaud. Et dire que j’étais à deux doigts d’être libre comme, « vraiment libre ». Et indépendante. Je ne l’ai jamais été. J’ai toujours été pitoyablement dépendante de l’attention des autres. Je ne veux pas que ça recommence.

Mais qu’est-ce qui est plus important que l’amour, hein ? La confiance ? Oui, voilà. C’est ça. La confiance, c’est fiable, c’est solide. La confiance, on peut compter dessus pour savoir ce que vaut une personne, et si on doit rester avec ou pas. Partir, maintenant, je sais faire. Cette fois, je sais que je sais comment partir. Alors s’il le faut je partirai. Je suis prête.

« Serrons-nous la main.
-Quoi ?
-Serrons-nous la main ! C’est moins cliché qu’un baiser.
-De ?
-Prends-moi la main !
-D’accord.
-Tu sais ce qu’on est en train de faire ?
-De, heu, non ? Un mariage païen ?
-Un pacte.
-D’accord.
-Tu as attendu assez longtemps, je culpabilisais de ne pas pouvoir te le dire, mais ce soir j’ai pris ma décision. Quand je commence à aimer, j’aime jusqu’à ma mort, et ce même si le couple ne dure pas. Alors tu sauras qu’il en est de même pour toi. Maintenant, on peut commencer à fonctionner comme une équipe. »

J’ai toujours aimé les cérémonies bien faites et les grands discours, je crois bien que ce n’est plus du tout le cas aujourd’hui. Mi- amusée, mi- lassée. J’ai entendu 100 fois mes vieux discours remplis de superlatifs. J’écris des Blockbuster dans ma tête à longueur de journée et ce, même si le personnage principal est une cendre de cigarette. Vous avez de la chance que je parle de deux humains réels aujourd’hui, dans mes moments les plus fous je peux parler de Jésus et du diable –ça va, vous respirez encore ?

Bien.

Parce que ce n’était que le début. Marcel et moi on s’est pacté et empaqueté dès le début de notre relation ou presque. C’est un train à grande vitesse que vous venez de prendre. Le vin rouge sur le mur, le « Oh, alors c’était toi, hohoho, c’est drôle enfoiré c’est moi qui ai dû nettoyer la tâche que tu as faite sur le mur de mon coloc atteint de psychopathie ». Le « Ahaha je ne suis pas désolé du tout », « J’aime ta veste », « J’ai dormi dehors avec » et trois faux-semblants plus tard on se tenait la main dans le parc en regardant des écureuils.

(Toute ressemblance avec des faits réels est délibérément volontaire).

Il a fallu essayer de mener un quotidien normal dans une relation dont il fallait sans arrêt pousser les bords car elle commençait à tout envahir de son ombre menaçante. La fac, le boulot, les copains, les courses au supermarché. J’ai vu mon quotidien se découper comme les quartiers d’un diagramme en camembert trop coulant, dont la pâte commençait à empiéter sur la globalité de mon espace mental. Est-ce que j’étais amoureuse ? Non .
Est-ce que je l’aimais ? Oui.
Qu’était-il pour moi ? Qui peut le dire ?

Je découvrais alors qu’il est parfois impossible de mettre des mots sur ce qu’on ressent. Etant donné que j’avais toujours été déconnectée de moi-même jusqu’alors, c’était une première. Je n’ai compris que ça signifiait que je vivais l’instant présent que bien des mois plus tard. L’instant présent ? C’est quoi, ça se mange ? Est-ce une nouvelle invention new age ? Comme le camembert, non ? Ces gens-là ont la fâcheuse habitude de créer des concepts qui puent.

Alors, là, c’est vraiment devenu malsain. Dans le sens où il n’y avait plus aucun sens. Marcel découvrait que l’existence pouvait avoir une continuité logique tandis que je perdais progressivement toute source de fierté. Partir ? La bonne blague. Marcel ne sachant pas ce qu’est la fierté ni même la bienséance, il m’a projeté dans cet univers étrange où on peut dire tout et son contraire dans la même phrase sans perdre son sérieux. Allô Alice, je suis perdue, j’ai joué toutes mes cartes et il est encore là. Je ferme les yeux, et il disparaît, je les ouvre, et il n’est plus là. Tu me vois, tu me vois plus.

La réalité n’a jamais semblé aussi insaisissable.

Que dire des souvenirs de Marcel emplis de culpabilité ?

Rien.

Parce qu’il n’est pas possible de jouer aux échecs avec des quilles, Marcel a dû s’y prendre avec patience, constance et minutie pour éviter de regarder la réalité en face, et pour m’éviter moi. Et pour essayer d’esquiver les assauts d’un bulldozer qui croit encore que c’est la guerre au Vietnam. Réveille-toi, GI Joe, tu fais flipper tout le monde avec tes conneries. Marcel il flippe grave, là. Si tu continues, il va t’en foutre plein la gueule.

Tous les soldats finissent par rencontrer cet ennemi qu’ils doivent tuer mais qui a des yeux trop humains. C’est de ces yeux-là dont on se souvient la nuit.

Mais moi pas. Alors j’ai rien vu venir.

Vlan.

Ce n’était pas à proprement parler une porte qui se claque au nez. Plutôt un coup de fil depuis l’étranger, un coup dans le ventre. J’en ai vomi. J’ai rien pu manger pendant des semaines. Morte, mais vivante encore. Il fallait avancer.

Je lui avais fait le coup tellement de fois que je n’ai même pas eu l’honnêteté de me demander où étaient passées ses émotions, à lui, quand je lui montrais qu’il était inadéquat. Mes émotions, là, je les sentais passer. Ou plutôt non, je dirais qu’elles ont donné naissance au « petit monstre dans mon ventre ». Cette douleur avec laquelle on avance, j’en étais littéralement pliée en deux.

« Je ne te dirais pas de passer à autre chose, parce que j’ai perdu tout espoir d’entrevoir une logique, ou juste du bon sens, dans votre relation.
-Merci bien.
-Maintenant il suffit juste de regarder en toi-même : Qu’est-ce que tu veux vraiment?
-J’aimerais que ma réponse soit différente, mais je suis tout bonnement incapable de me mentir à ce point. Bon sang je suis une putain de sociopathe.
-Et ?
-Je l’aime !
-Et donc ?
-Et donc j’en ai rien à foutre. Je vais le récupérer.
-Ahaha, j’en étais sûre.»

« …Et cette fille, elle te plait en fait.
-Elle est capable de faire des choses impressionnantes.
-C’est vrai qu’elle a l’air parfaite pour toi… Je l’aime bien ! Elle est drôlement badass ! Juste, c’est fini avec ta copine ?
-Oui.
-Ah bon ! OK n’en parlons pas, si tu ne veux pas.
-Je peux te raconter un peu de mon voyage, si tu veux. J’ai écrit.
-Super ! »

Pauvre Marcel. Pourquoi passes-tu toujours pour le méchant de l’histoire ?

J’essaye de rétablir la vérité.

La vérité à propos de nous, la vérité à propos de ce que c’est que d’être humain. La vérité à propos du bien et du mal. Pas « ma » vérité. L’histoire est subjective, mais j’y place les faits importants trop longtemps ignorés et le lecteur est seul juge. Puisqu’on en est réduit à juger tout ce qui bouge.

Pan !

Permis de tuer, James Bond. Il y a toujours des blessés dans ce genre d’histoire. Heureusement ! Ne laissons plus figées nos histoires molles. Brisons les barrières et écrivons une fois encore la genèse, hein ?

Pour Marcel et moi, en tout cas, c’était la seule issue.

Et on l’a fait.

Fin de l’histoire.

Début de la vie.

lundi 14 août 2017

C'est pas ce que tu crois, peu importe ce que tu crois

Journal d’une thérianthrope

Encore un mot bizarre. Pas envie de définir, pas envie de justifier. Juste contenu pour moi-même dans cet espace d’archive qui retracera mon vécu, ainsi que l’émergence de mon identité profonde. Enfin.

Ce qui autrefois sonnait comme « tu es un faux » et « tu n’es pas ce que tu dis être » assaisonné de « ce n’est qu’une façon de te sentir vivre au travers d’une étiquette biaisée » s’est tu. C’est comme si là, tout de suite, il était évident que jamais je n’aurais honte de ces écrits. Pour la simple et bonne raison qu’ils sont authentiques, et que les évolutions futures de ma compréhension du monde n’effaceront pas le progrès acquis. Les évolutions n’effaceront pas les théories, elles les complèteront. Parce que s’il a été dit un jour que j’étais éveillée à moi-même, et si j’ai pu avoir honte de cette déclaration, ce n’est que parce qu’en regardant en arrière j’ai constaté à quel point ma vision de moi-même était alors encore assombrie par l’inconscience. Evidemment, il apparaît que d’ici sous peu je serai encore plus consciente de moi-même. Non, je n’aurais pas honte, car tout aura été sincère. Sincère vis-à-vis de moi-même. Ce qui n’était pas le cas avant, bien que j’en fusse persuadée. Comment savoir, alors, si je suis à l’heure actuelle sincère avec moi-même ? Comment savoir si je ne me fourvoie pas encore ? Est-ce que ça ne serait pas tragique ?

Je le sais. Je le sais. Je le sais comme je n’ai jamais rien su d’autre.
Je le sais comme on sait distinguer un viol d’un acte sexuel consenti. Je le sais car je sais aujourd’hui ce qu’est un acte consenti, consenti avec moi-même. Je sais aujourd’hui ce que ça fait d’être soi. Ce qui n’était pas possible avant, c’était de faire la différence entre le viol de mon identité et l’authenticité, car je n’avais rien connu d’autre que le viol. Le viol que je me faisais subir, car je l’avais appris, car je l’avais décidé –tout du moins, avait-on tenté de me faire croire que c’était un choix.

Constamment auto-brimée. Jusqu’au fond de mon être. Celle que je n’étais pas. Une fille.

Et comment faire ce coming out ? N’est-il pas d’abord question de coming… In ? C’est ce que j’essaye de faire à travers ce fichier word qui marque le premier d’une probable longue série.

Comment accepter ? Le simple fait que j’écrive pour moi-même à ce sujet illustre le pas énorme qui se franchit entre moi et mon interface sociale.

Ça ne sort pas. Ça veut sortir. Pas comme avant. « Y a quelque chose qui veut sortir », combien de fois ai-je répété ça, dans ma stupide vidéo et dans ma vie ? « Y a quelque chose qui veut sortir ! Mais ça ne peut pas se dire ! Parfois, c’est la perfection ! » Pas comme avant, quand je cherchais des mots, des mots nouveaux, pour exprimer dans une langue qui n’existe pas encore quelque chose qui semble d’un autre monde. Oui. Ça l’est. Si ça écrème encore à la surface au lieu de couler, c’est parce qu’il faudrait trahir la vérité pour en parler. La seule façon d’être en mesure d’exécuter pareille pirouette, c’est d’accepter d’abord l’entièreté de la réalité comme quelque chose qui existe bel et bien.

Car toute autre façon de procéder exposerait la personne au risque de ne plus se croire elle-même, hors, c’est indispensable. Car ici, ne pas se croire, c’est se renier du plus profond de son être. Carrément identitaire. Qu’est-ce qui serait si profond sinon, si ce n’est le soi, le regard silencieux, mais il n’est pas question de ça ici. Il n’est pas question de la force qui me pousse à m’assumer, mais bien de l’identité qu’il y a à assumer, et c’est deux choses en tous points différentes. Le soi ne peut être cerné, le soi ne peut être entouré de contours. L’identité, oui. Et elle l’est, qu’on le veuille ou non, cernée d’une manière qui échappe totalement à notre illusion de pouvoir décisionnel.

Tu ne nais pas homo. Tu ne l’es pas plus à ta naissance qu’à ta mort, mais tu vis avec, que tu le veuilles ou non.

Et ce n’est même pas ce qui me concerne, paraît-il que ça ne rentre pas dans les cases (pourtant très incluantes !) de la communauté LGBT+. Oh, il y a bien une case de cette communauté dans laquelle je rentre. Pas celle à laquelle je m’attendais. Je suis parait-il pansexuelle, ce qui signifie que je tombe amoureuse de ta personne quel que soit l’attribut entre tes jambes. Ce qui n’est pas la même chose que « bisexuel », car ici le corps n’a aucune foutue importance (dans sa composante genrée). Je ne suis pas « amoureuse des deux genres ». Je suis « amoureuse sans que le genre ne rentre dans les critères déterminants ». Ce qui est surprenant car il est évident que jamais il n’a été question pour moi de tomber amoureuse d’une fille (pour l’instant, ça concorde encore…) alors qu’il a pu m’arriver de ressentir de l’attirance pour des hommes « parce qu’ils étaient des hommes », donc pas des filles. Donc le genre avait une importance, donc je n’étais pas pansexuelle. N’est-ce pas ?

C’est en me bataillant avec mes troubles identitaires et autres orientations sexuelles que j’ai compris le fin mot de l’histoire : je tombais amoureuse des hommes parce que je me croyais fille. Et en fait j’étais si loin du compte qu’il ne m’arrivait même pas à l’esprit que ça pouvait être faux de bout-en-bout. Mais, n’a-t-il pas été dit tout à l’heure que ma vie était entièrement construite sur un mensonge ? Il était impossible alors, avant l’émergence de ma véritable identité, de briser les liens des mensonges visant à construire cette identité genrée –et mal genrée.

Hm. On pourrait en dire un mot du genre, d’ailleurs. C’est quoi mon genre ? Haha, depuis cet espace de sécurité je ris de cette question qui a détruit ma vie à mon insu. Il apparaît donc dans une logique indéfectible que je suis non binaire comme « unilatéralement et indubitablement non binaire ». « Non ». Non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, pas d’étiquette humaine de merde, pitié, non.
Non, pas de « moitié-homme, moitié-femme ». Non, pas de « un peu de ci, un peu de ça ». Non, pas de « humainement genré ». Non. Pas. De. Genre.

Pas.
De.
Genre.

Non.


Il convient de dire qu’il est indispensable de savoir quel pronom utiliser. Il convient de dire qu’il me glace le sang d’entendre « madame » autant qu’il me glacerait le sang d’entendre « monsieur », et « mademoiselle » me donne des envies de violence. Il est en fait plus confortable d’éviter de se poser la question, et d’essayer de me regarder quand on me parle, de telle sorte à ce que je comprenne que c’est à moi qu’on s’adresse. De toute façon, je suis malentendante, alors si tu me regardes pas, je t’entends pas. Et si tu me regardes et que je t’écoute, il est clair que je vais comprendre que tu t’adresses à moi. Ce qui signifie que j’en ai putain de rien à foutre du pronom que tu utilises. C’est que des mots. C’est même pas ma culture. Il ou elle, mien ou mienne. Il est plus facile pour moi d’utiliser les pronoms féminins parce que c’est ceux que j’ai utilisé toute ma vie. Il est plus facile pour toi d’utiliser les pronoms féminins parce que ma longueur de cheveux et ma poitrine (supposée en-dessous de mon t-shirt) te poussent à croire que j’ai un vagin, et donc que je suis une fille. Simplement c’est pas grave si tu dis « il », ou que tu fais une faute d’orthographe qui viserait à oublier le petit « e » féminin à la fin des mots. C’est pas grave. Avec moi t’as le droit. Il n’est pas important de savoir mon genre car il n’existe pas.

mardi 4 avril 2017

Une vie de sorcière – Le soin des cheveux avec Gaia

Photo prise avant le shampoing/soin
Aujourd’hui je t’emmène avec moi pendant que je fais mon petit soin capillaire de sorcière. Tu vois, ça fait quelques années maintenant que j’utilise des produits naturels pour les cheveux, que je scrute avec attention la composition des shampoings que j’achète et que je les veux non-testés sur des animaux, tout ça. C’est même avec ça que j’ai commencé à écrire des articles, puisqu’à l’époque je tenais un blog exclusivement sur tous ces trucs que je testais pour les cheveux. Maintenant c’est devenu quelque peu habituel pour moi, d’utiliser ces façons « différentes » de prendre soin de son apparence et de son corps.

Alors qu’y a-t-il au programme ?

Henné blond & Poudre d’ortie

Tu peux en trouver de bonne qualité sur le site d’aroma-zone (ici). Comme tu vois, un sachet coûte entre 2 et 5€. Ce qui n’est franchement pas cher pour colorer ses cheveux ! Surtout avec ma longueur, et surtout que j’utilise moins de la moitié d’un sachet de 250g pour tout couvrir. Ça signifie que j’en ai pour 1,25€ pour chaque coloration (rousse) ! C’est rien du tout comparé à un coiffeur ou à une colo « classique » du commerce. En plus le henné est un soin qui fortifie les cheveux, comparé aux colorations classiques qui sont connues pour les abîmer.

En revanche, il est vrai que si on utilise exclusivement des poudres pour se laver les cheveux (au lieu de shampoings naturels ou non), cela revient un peu plus cher. Du coup, je n’en utilise qu’occasionnellement pour cet usage. Mais je rappelle qu’en plus de colorer les cheveux, le henné lave ;-) (ça fait un shampoing en moins à faire).

Etat des cheveux avant shampoing :
Pellicules sèches sur le crâne + racines de +/- 5 cm (grasses) + cheveux graisseux sur les longueurs après un masque huile de sésame+ huile de ricin qui n’est pas complètement parti au précédent shampoing

L’huile de sésame, j’en ai un gros bidon d’1L, ça coûte rien. L’huile de ricin c’est très occasionnel, c’est un peu plus coûteux mais il n’en faut pas beaucoup. C’est connu pour favoriser la pousse des cheveux mais honnêtement je ne m’attends pas à un miracle. Cette huile est difficile à appliquer si on ne la mélange pas avec une autre huile plus liquide, avant. Et là visiblement j’en avais trop mis dans mon mélange.

Je veux me débarrasser de l’huile de ricin qui s’accroche, éclaircir un peu la couleur sur l’ensemble et uniformiser un peu les longueurs avec les racines (mais pas complètement) + résoudre le problème de pellicules (d’où la poudre d’orties)

Mélange :
A peu près 50/50 henné blond/poudre d’orties
Appliqué sur racines, longueurs et pointes

Tu peux cliquer pour agrandir les photos


Temps de pose : 
Heu. Début environ 16h30 je crois. Le temps de prendre une douche (pour le corps, parce que j’me suis mis de la bouillasse verte partout), de faire une petite bolognaise veggie ou presque (sauce tomate, tofu et parmesan, oui je vais avoir du mal à enlever le parmesan de mon alimentation je crois…) et de manger… Le truc c’est que j’ai mis du henné colorant, donc avec du henné il faut minimum 1 heure de pose sinon on risque d’avoir des petits reflets verdâtres. Tu te doutes que je n’vais pas regarder pousser l’herbe pendant une heure.
Donc à 18h15 je pars rincer tout ça, cela fait donc environ 1h15 de pose.

Hé, au fait : le truc avec le tofu c’est de le faire revenir avec de la sauce soja (sucrée ou non). Tu vois, tu passes alors d’un machin sans goût à un quelque chose de fabuleux. Cuisine magique.


Le ricin...

Comment on fait?

D'abord, on s'assure d'acheter de la bonne poudre, avec QUE des plantes ou de la terre dedans. Aucun produit additionnel. Si la composition n'est pas clairement écrite sur le sachet, fuyez! Pourquoi est-ce important? Outre l'aspect écologique, cela vous assure de ne pas avoir des résultats, disons... aléatoires.

Il vous faudra:

❧ Votre poudre (vous pouvez en mélanger plusieurs)
❧ De l'eau chaude mais pas trop (pour ne pas se brûler la tête quand on appliquera le schmilblick)
❧ Un récipient pour faire votre tambouille (tout ce que vous voulez mais pas du fer, car cela pourrait interagir avec les principes actifs de la poudre)
❧ Un truc pour remuer votre bouillon de sorcière (toute les matières sont OK sauf le fer)


La texture doit ressembler à ça, n'ajoutez pas la flotte trop vite
Bon, ensuite, vous appliquez ça comme vous voulez (sérieusement!).
Perso, je commence toujours par en tartiner sur les racines déjà visibles, puis après j'essaye d'en mettre sur celles qu'il y a en-dessous. Après je descend vers les longueurs.

Si vous étiez le genre de gamin à aimer jouer dans la boue, vous allez être servi!
De la terre, des plantes, tout ça réduit en poussière et ajoutez-y de l'eau, je vous la donne en mille:

Bonjour,

Gaïa! 


Pour les sorcières urbaines, ça fait du bien de pouvoir se reconnecter un peu à celle qu'on appelle « La mère ». Comme toujours, vous pouvez faire tout ces gestes mécaniquement, ou bien vous pouvez y insuffler un zeste de magie. Vous pouvez être pressé d'en finir, ou bien vous pouvez apprécier ce moment. Que choisissez-vous?

J'ai un peignoir exprès pour les "poudres qui tachent". Et puis avec toute cette bouillasse dans les cheveux, ils tiennent tout seuls en chignon (ou bien je peux rajouter un chouchou, pour être sûre). Du coup, pour peu que je ne sorte pas de chez moi, je peux faire absolument ce que je veux en attendant que ça ai finit de poser.

On peut aussi emballer sa tête dans du cellophane (stp pas le visage, tu m'as comprise). L'avantage c'est qu'on est sûr que ça ne coulera pas (mais bon, le truc durcit sur ta tête donc de toute façon ça ne coule pas trop) et en prime ça garde la chaleur. Cette chaleur va permettre aux principes actifs des poudres d'agir plus rapidement.

Un dernier truc: Le henné, surtout le roux, colore super bien. En revanche, avec le blond, ne vous attendez pas à des miracles: le henné n'éclaircit pas, puisqu'il recouvre simplement le cheveux. Le henné blond peut vous donnez des reflets différents, voir vous faire passer d'un blond cendré à un blond doré, mais c'est tout.

Assez de blabla. 
Vous voulez voir ce que ça donne?






Finit le ricin.












Finit les racines grasses.












Des racines un poil plus dorées.


Youpi!






lundi 3 avril 2017

Les épiques aventures de l’égo (partie 2)


[Il fut un temps durant lequel tout n’était que poussière. Les formes apparaissaient dans ce chaos, brèves entrevues violentes et floues, disparaissaient comme elles étaient nées. Des combattants. Des guerriers. Mais nous ne pouvions pas continuer ainsi éternellement. Car la stagnation est la seule vraie mort.]

Les épiques aventure de l’égo (partie 2)

( La première partie se trouve ici. )

Ici, on suit les aventures de ton égo. La dernière fois, je t'avais dit que l'égo c'était "Satan" et "le fils" à la fois. Mais au jour le jour, on s'identifie presque toujours au fils. Voici donc son histoire. 

Alors que j’en étais venu à oublier la raison d’être de cette barrière, je l’enjambai. Je voulais découvrir ce qu’il y avait de l’autre côté. Mais je me ravisai bien vite : il n’y avait rien. Le désert. Je retournai chez moi, tournant le dos à mes envies d’aventure, quand une créature vile attrapa mes épaules, sautant sur mon dos, me faisant chuter. Puis, il disparut.

J’avais laissé la porte ouverte, et ce soir les monstres étaient de sortie.

« Nous secouons contre vous la poussière même de votre ville qui s'est attachée à nos pieds; 
sachez cependant que le royaume de Dieu s'est approché. »
Luc 10 :11

Alors je compris que ce désert était une illusion, un enchantement. La vraie barrière était celle-là: elle avait failli me faire croire qu’il n’y avait rien, rien d’autre que de la poussière. J’allais y retourner, et j’allais trouver l’origine de ces démons. Je savais maintenant que Satan m’y attendait, quelque part.

« Et aussitôt l’Esprit le pousse dans le désert. »
Marc 1 :12

Je n’avais rien préparé, j’y étais allé avec moi-même pour seule ressource, peut-être était-ce pure folie. J’ai simplement suivit cette voix dans les tréfonds de mon esprit. Cette sensation qui meut mon corps.

Je pars en guerre mais je n’ai aucune armée. Les anges sont loin derrière moi, maintenant. Evidemment ! Trop purs ! Ils ne peuvent pénétrer en ces terres. Moi seul, humain, peut me rendre en enfer et y revenir. J’espère au moins que les chansons qui raconteront ça seront de bon goût.

Tout ça pour l’Épice!
Je croyais que mon audace forcerait les démons à se montrer, mais j’ai juste marché 40 jours, m’écroulant de fatigue par moment, puis me relevant, continuant à m’enfoncer dans cet enfer aride qui aura sans doute raison de moi. Comment faisaient les guerriers de Dune, déjà ? Pourquoi les anges ne me donnent-ils pas une combinaison adaptée, quand je fais ce genre de truc ?

Et il finit par faire demi-tour au bout de trois jours, mais en rampant, ça allait forcément moins vite.

J’ai survécu mon Dieu, et je ne sais pas comment. Si ça ce n’est pas un miracle ! 
40 jours, nom d’un chien, combien le corps humain contient-il d’eau ??
Maintenant tout le monde va me demander ce que j’ai fichu et pourquoi je suis allé risquer ma vie là-bas. Pas évident d’être un outsider. Les gens vous regardent de travers, dans la rue. Et vos amis comptent d'autant plus sur vous. Le problème, c’est que je suis revenu broucouille, comme on dit dans le Bouchonnoy. Qu’est-ce que je vais bien pouvoir leur dire ? 

« Je vous jure, un truc m’a attaqué par derrière, 
j’suis sûr qu’il y a des monstres là-bas ! »
Jésus, jeunes années

Non. Ils vont certainement être très déçus si je leur dit que je n’ai même pas rencontré Satan. Si je leur dit simplement que j’ai survécu, ils ne verront pas en quoi c’est un miracle de Dieu. Hm…

« Alors Jésus fut emmené dans le désert par l'Esprit, pour être tenté par le Diable.
Et ayant jeûné 40 jours et 40 nuits, après cela il eut faim.
Et le tentateur, s'étant approché, lui dit: 
Si tu es Fils de Dieu, dis que ces pierres deviennent des pains.
Mais lui, répondant, dit: 
Il est écrit: «L'homme ne vivra pas de pain seulement, 
mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu»»
Mathieu 4 :1


(Il n’est pas simple d’aller à la rencontre de ses parts d’ombres. Ce sont des parts blessées avant tout. Et que fait un animal blessé ? Il se cache, il fuit, il se protège. Il ne se laisse pas facilement approcher, et peut mordre s’il pense qu’on constitue un danger pour lui. En fait la première chose à faire si on veut réunifier toutes les parts de soi, c’est montrer patte blanche.
La guerre ne fonctionne pas.
Ça ne fonctionne tout simplement pas ! En y allant comme une brute épaisse, vous allez :
1)      Vous faire du mal
2)      Rentrer bredouille, ou alors avec un résultat qui sera de la poudre aux yeux, une sorte de bien-être superficiel et temporaire.
3)      Renforcer vos illusions quant à la vraie nature de l’égo.)


Je suis un peu déçu moi-même, il faut l'avouer. Que faire?

Et il passa des heures sur un rocher en se posant la question. Les anges lui disant: « On est là, nous, on savait pas pour la combinaison, la prochaine fois utilise la loi d'attraction, on te fera venir ça ». 
L'Esprit disant: « Trust yourself, son of God », tout en bourrinant les intestins de Jésus de sa sainte parole.
Jésus ruminait.

Tu parles d'une guidance! On dirait qu'ils ne comprennent pas mes problèmes. Ils ne vivent pas ce que je vis.

Après quelques verres de rouge, il eut une illumination.

Je sais! Il me faut une dream team. Seul un humain peut aller en enfer, hein ? Bon. Et puis c’est qui le mec charismatique de l’histoire, hein ? Bon. J’vais vous montrer ce que Jésus peut faire !

Et il retroussa ses manches, conscient que vous êtes en train de lire cet article.

« Et comme il marchait le long de la Mer de Galilée, il vit deux frères, Simon appelé Pierre, et André son frère, qui jetaient un filet dans la mer, car ils étaient pêcheurs;
Et il leur dit: Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d'hommes.
Et eux aussitôt, ayant laissé les filets, le suivirent.
Et, passant de là plus loin, il vit deux autres frères, Jacques le [fils] de Zébédée, et Jean son frère, dans le bateau avec Zébédée leur père, réparant leurs filets; et il les appela;
Et eux aussitôt, ayant quitté le bateau et leur père, le suivirent. »
Mathieu 4 :18

Ciel, j’adore ce superpouvoir. Je vais faire la tournée des synagogues et faire le buzz en Galilée, si Dieu le veut. 
Dieu, tu veux ? 

Et le ventre de Jésus bourdonna.

Il veut.

« Et Jésus parcourait toute la Galilée, enseignant dans leurs synagogues, et prêchant l'évangile du royaume, et guérissant toutes sortes de maladies et toutes sortes de faiblesses parmi le peuple.
Et sa renommée se répandit dans toute la Syrie; et on lui amena tous ceux qui se portaient mal, qui étaient affligés de diverses maladies et de divers tourments, [et] des démoniaques, et des épileptiques, et des paralysés, et il les guérit.
Et de grandes foules le suivirent, venant de la Galilée, et de la Décapole et de Jérusalem, et de la Judée, et de l'autre côté du Jourdain. »
Mathieu 4 :23

Oh my god, j’ai tellement de fan. Je ne peux plus continuer à bitcher comme si de rien n’était. J’ai traversé tout le pays et je sais de quoi il souffre. Je crois qu’il est temps de me servir de ma renommée pour faire un discours humanitaire.

(Je vous invite fortement à écouter ce discours, 
il ne rend cette histoire que plus épique.)

« Or, voyant les foules, il monta sur la montagne; 
et lorsqu'il se fut assis, ses disciples s'approchèrent de lui;
et ayant ouvert la bouche, il les enseignait, en disant:
Bienheureux les pauvres en esprit, car c'est à eux qu'est le royaume des cieux!
Bienheureux ceux qui pleurent1, car c'est eux qui seront consolés!
Bienheureux ceux qui sont doux, car c'est eux qui hériteront de la terre1!
Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car c'est eux qui seront rassasiés!
Bienheureux les miséricordieux, car c'est à eux que miséricorde sera faite!
Bienheureux ceux qui sont purs de cœur, car c'est eux qui verront Dieu!
Bienheureux ceux qui procurent la paix, car c'est eux qui seront appelés fils de Dieu!
Bienheureux ceux qui sont persécutés à cause de la justice, car c'est à eux qu'est le royaume des cieux! »
Mathieu 5 :1

Et la foule était en délire, sur la colline et au-delà.
Ce n'est pas demain la veille qu'on oubliera ce discours, c'est moi qui vous le dis.

Je ne pourrai plus jamais faire marche arrière. J’espère simplement… avoir vu juste.
Et que l’Esprit ne me quitte jamais, pendant que je ferais ce qu’ils croient tous que je vais faire.

...Et que la mort me prenne, si je n’y parviens pas.




(La suite au prochain épisode...)






Une vie de sorcière



Peut-être voudrais-tu que je te parle un peu plus de ma vie. Que je fasse ce genre d’article tout simple, pour entrecouper deux « gros morceaux » (comme ce que j’avais fait pour parler de la wicca, ou celui qui commence cette grosse série qui parle de l’égo).

Oui, un article tout simple, peut-être pour raconter un peu comment se passe une vie de sorcière. Nous manquons d’exemples, je crois, nous manquons souvent d’inspiration pour « sorcièriser » nos vies, et le résultat peut ressembler à quelque chose qui est trop surfait, trop calqué sur une image qui ne peut être la réalité d’un humain authentique. Parce que je ne crois pas aux quotidiens rangés, ni aux vies Tumblr.

Beaucoup de chaos ici, mais surtout dans ma tête. Dans le bon sens du terme.  Ce week-end, pendant que je parlais avec le chat (mon amoureux, je n’ai malheureusement pas d’animal chez moi) j’ai réalisé à quel point certains mots de mon vocabulaire avaient pu changer de couleur, depuis que j’ai commencé à transformer ma vie. Je veux dire… Je ne ressens plus ces mots de la même façon, et par moment ça me donne l’impression d’être à côté de la plaque, ou que la personne en face est à côté de la plaque, car nous utilisons les mêmes mots pour des sentiments opposés. Par chance nous avons à peu près « les même couleurs » pour « les même mots », le chat et moi.

Chaos, bizarre, sauvage, anarchique, flou, fouillis, étrange, tordu, chargé (de couleurs, de trucs et de bidules), brut : tout ça sont des compliments. De vrais compliments, j’entends, pas d’équivoque !
Et puis : normal, rangé, gentil, sobre, propre, mesuré, tout ce qui est l’équivalent de « fine » en français, c’est comme si ces mots étaient devenus des symboles de décadence.

Bien sûr, ce ne sont que des mots. Mais je crois à la magie des mots. Je crois que l’on peut transformer sa vie en changeant notre regard sur des mots, ou en changeant notre vocabulaire.

Avec du recul, cela me fait beaucoup penser à ce qui a rendu si célèbre la famille Addams, avec leur fascination pour le morbide. Je n’en suis pas là. Je ne crois pas que j’appellerais mon futur enfant « Répugnant » ou « Morve desséchée », si tu vois ce que je veux dire. Mais je crois qu’elle a raison, la famille Addams, quand elle trouve son bonheur et son amour en incarnant du positif dans ce qui semble négatif.

Aujourd’hui j’ai prévu de nettoyer mon autel. Laver quelque chose est toujours un acte magique, on peut parler de purification. Cela peut concerner la vaisselle ou son propre corps, mais quand il s’agit du petit lieu sacré de mon appartement, j’en fais un genre de rituel, un peu plus élaboré. C’est la raison pour laquelle mon autel est souvent sale et poussiéreux : je ne le nettoie pas n’importe comment. Je fais brûler du benjoin et je prends le temps. D’abord, je dépoussière chaque objet un par un, en me connectant émotionnellement à lui lorsque je le prends dans mes mains. Je suis dans cet état d’esprit où je « prends soin », je me remplis de ce sentiment et je communique ça dans mes gestes. Tour à tour je nettoie et pose par terre tous ces objets pendant que l’encens se consume. Je peux mettre de la musique, en même temps, pour me mettre dans une ambiance païenne voire wiccane. Une fois cela fait, je dépoussière la petite table. A ce stade, le benjoin a fini de brûler (pour le benjoin, j’utilise des sorte de petits cailloux de résine que je pose sur du charbon ardent, généralement cela ne met pas longtemps à se consumer entièrement). Puis j’allume un bâton d’encens, qui sera plus long à se consumer. L’ensemble de ce petit rituel est fait la fenêtre ouverte, parce que le benjoin enfume tellement l’appartement que l’air en serait irrespirable, sinon. Puis je pose, un à un, chaque objet, sans essayer de les remettre comme avant. En fait je laisse l’objet me dire où il veut être placé, je laisse parler mon inspiration et mes sensations. Je termine en allumant une bougie blanche.

C’est une journée placée sous le signe de la lenteur, car je travaille mon ancrage (encore ! eh oui !). L’idée c’est de prêter attention le plus régulièrement possible à : « Où est mon esprit ? ». Est-il dans mon corps, est-il ici, maintenant, ou est-il en train de vagabonder au passé ou au futur ? Il est plus facile pour moi de maintenir mon esprit dans mon corps et non dans mon imaginaire quand je lève le pied, quand je ralentis. Quand je pose vraiment chaque acte avec en tête cette qualité de présence que représente l’ancrage à la terre, l’ancrage dans l’incarnation.
J’ai décidé que j’allais aussi prendre soin de mon corps, car c’est quelque chose que je fais peu et pas assez bien à mon goût. Je ne suis pas du genre à me fondre quasi-quotidiennement dans la superficialité, je comble mon besoin de beauté autrement. Ça peut m’arriver, parfois, de vouloir me maquiller et bien m’habiller, mais c’est assez rare au final. J’aime bien n’en avoir pas grand-chose à faire. Ce n’est pas si facile qu’il n’y parait parce que ça demande une certaine confiance en soi. Mais s’efforcer d’oublier à quoi on ressemble permet de renforcer la confiance en soi, je trouve. Avant, je ne pouvais sortir si mes cheveux n’étaient pas parfaitement lissés, mes yeux cernés de khôl et ma tenue suffisamment satisfaisante. En fait, j’étais constamment obsédée par ma coupe de cheveux et mon image, je n’étais pas bien si j’avais l’impression qu’un petit truc dépassait ça et là. Il n’y a pas meilleur moyen de perdre son ancrage. Aujourd’hui je sors avec les cheveux en bataille, et puisque toutes les mèches dépassent de partout, alors aucune ne dépasse. Au final, personne ne me fait de remarque, et je devine que depuis toujours je me prenais la tête pour rien au sujet de mon apparence.

En fait, si, je me suis déjà pris quelques remarques (pas trop méchantes), mais j’avais déjà pu constater les bienfaits de cet état d’esprit, alors elles n’ont pas eu beaucoup d’impact. Je suis mieux dans ma peau ainsi, et je crois qu’une personne qui est bien dans sa peau fait de la meilleures magie, quoi qu’on en dise.

Du coup je vais… Je ne sais pas, laver mes cheveux avec de la poudre d’ortie et mettre de l’huile d’olives sur mes jambes et mes bras. Quelque chose du genre ?

Pour avril, je me suis fixée de sortir me balader au moins une demi-heure par jour, même s’il fait moche ou froid. Déjà parce que c’est agréable et que ça va me renforcer, mais en plus ça va me fournir une motivation positive pour arrêter de fumer. Quand je marche et que c’est si beau et que j’ai envie de courir partout, je sens les limites de mes poumons qui n’en peuvent plus, et là je me dis : « Ok, j’ai une raison très concrète de désencombrer tout ça. Si à ma prochaine balade je veux sentir que mon corps est plus facile à transporter, alors je vais changer ma façon de faire. »
Sortir tous les jours va, je l’espère, graver cette sensation en moi, et m’encourager dans ma démarche. Je VEUX être en forme. Je veux être capable de grimper et jouer comme un enfant. Je veux pouvoir profiter de la nature et de tout ce qu’on peut faire en tant qu’humain, et ce même à 40 ans passés. Et ça commence avec aujourd’hui.

En rentrant je pense que j’aurais envie de me faire une bonne tisane chaude, du genre tisane au thym ou pissenlit-fenouil. J’aimerais tellement avoir un jardin pour faire pousser de l’ortie, du thym, du pissenlit et de la fenouil. A défaut j’achète ça en supermarché, et c’est déjà très bien. Je veux dire : ça a bon goût, et puis ma vie est si luxueuse, je peux me permettre tellement de choses. Comme flemmarder devant une série avec une tisane, après une bonne balade. Je ne suis plus autant série-vore qu’avant, mais quand je le fais, je me sens vraiment chanceuse. C’est merveilleux de pouvoir se permettre de faire des choses futiles de temps en temps.

Je suis dépourvue de routine, le quotidien occidental est pour moi une utopie que je savoure en mettant progressivement en place quelque chose de différent, quelque chose de durable. Le luxe d’un chauffage et d’un toit sur la tête, de ces murs qui garantissent mon intimité et de ces placards constamment remplis de nourriture me mettent souvent les larmes aux yeux parce que je me sens bénie.

C’est la base de ma vie de sorcière urbaine.

Des bisous !

PS: En rentrant, j'ajouterai sûrement des photos de ma balade à cet article...


Viens faire un tour dans mon paysage émotionnel pour te réconcilier avec les éléments feu et air:



jeudi 30 mars 2017

Comment se libérer de la souffrance et avoir plus de joie de vivre ? (Tuer son égo?) + Les épiques aventures de l'égo (partie 1)

Le gros bordel. On va éclaircir tout ça.
La personne que tu penses être.
Fuck yeah Jesus Christ,
Judge no man, Son of God, fulfill my destiny
Badaboum, pas du tout, mauvais chemin, demi-tour ! Si tu es venu sur cet article pour apprendre comment détruire ton égo, tu risques d'être un poil désappointé. Ou plutôt, non, reste un peu, il se pourrait qu'au final tu y trouves ce que tu es venu chercher.

Notre égo, 
c'est la personne qu'on pense être

De base avoir un égo n'est ni bon ni mauvais, en fait, avoir une personnalité est indispensable pour fonctionner dans ce monde. L'égo, pour l'humain, c'est ce qui lui permet de vivre (donc c'est même plutôt bien à ce stade). C'est parce qu'on a un égo qu'on peut se positionner comme un être individuel (autrement on ne se sentirait pas être « quelqu'un »), et avoir des préférences. Préférences somme toutes utiles, puisqu'on a besoin de savoir ce qui est bon ou pas bon pour nous (je préfère manger une pomme qu'une perceuse électrique, c'est quand même bon à savoir). Ces préférences vont être encore plus utiles quand il s'agira de choses un peu moins basiques, comme par exemple nos affinités avec les autres personnes (je préfère me confier à mon meilleur ami plutôt qu'au premier passant dans la rue, je préfère telle personne à une autre, parce que mon égo sent que telle personne me correspond plus qu'une autre, à ce moment précis elle est plus bénéfique pour moi... Comment pourrais-je le savoir sans égo?).

L'égo est sensible à nos émotions, et l'histoire de notre égo (donc « notre » histoire) est absolument indispensable pour nous permettre de nous frayer un chemin dans le monde, en apprenant de nos expériences passées. C'est l'égo qui va lier notre émotion du moment à ce qui est en train de se passer, et créer une histoire à partir de ça, histoire que l'on va pouvoir retenir plus facilement (ce serait plus difficile de retenir autant de trucs sinon), et qu'on appellera « souvenir ».

C'est aussi l'égo qui va modeler nos croyances. Et il va le faire tout seul comme un grand : une abeille m'a piqué, l'égo enregistre la croyance : abeille = caca.
Il est tellement génial qu'il peut modifier ses croyances à l'infini : j'ai vu un reportage sur la place des abeilles dans l'écosystème : abeilles = amies.
Jusque là il fait bien son travail, tout le monde est heureux, l'égo, on lui fou la paix, et tout va très bien comme ça. L'égo continuera de faire son travail quoi qu'il arrive.

« En vérité, je vous le dis, le fils ne peut rien faire de lui-même, il ne fait que ce qu'il voit faire au Père, et tout ce que le Père fait, le fils le fait aussi pareillement »

C'est un pote à Marc qui a dit ça, une fois. Ici le fils, c'est l'égo. Carrément. 
Remplace « fils » par « égo » dans la Bible, ça peut peut-être devenir plus clair (ou pas).

C'est intéressant parce que, jusque là, nous on avait plutôt la sensation que l'égo faisait ses petits trucs un peu comme il voulait, et qu'il nous menait par le bout du nez. En même temps, la plupart du temps, on se prend pour lui et on ne s'en rend même pas compte. Le vrai bordel.

The GodFather
Mais dans cette phrase, on trouve l'idée qu'en fait, ce n'est pas l'égo qui dirige tout. C'est « le Père ».
Alors oui, tu n'es pas totalement coupé du monde, tu te doutes que quand Jésus dit « le Père » il dit « Dieu ». Mais en fait, pas tout à fait. Les potes de Jésus, en écrivant la Bible, ont quand même fait en sorte de poser des mots précis sur des choses précises (donc là, moi, je suis ravie, parce que j'aime bien quand tout est clair et précis au niveau du vocabulaire). Et en fait, si Jésus avait voulu parler de « Dieu », il aurait dit « Dieu » et pas « le Père ». Le Père, c'est la clé de l'énigme, si tu veux. Quand t'as pigé ce que c'est, ça devient plus simple de déchiffrer le reste.

OK, parenthèse :
Je n'essaye pas de te convertir au christianisme. Je n'essaye pas de te dire « le christianisme, c'est bien ». Je trouve qu'il y a dans cette religion, comme dans toutes les autres d'ailleurs, des trucs plutôt vachement top, dont je m'inspire et me sert pour grandir (dans un premier temps) et rédiger mes articles. Donc pour quelques minutes, ça serait trop chouette que tu mettes de côté ce que tu sais et qui t'a dégoûté de cette religion (si tu en es dégoûté, ce qui est fort probable), pour voir d'abord ce que j'essaye de raconter. Je comprends cette crispation qui peut apparaître quand on voit des mots comme « Dieu », ou « Jésus » (c'est encore pire, le mot Jésus). Enfin, moi j'ai eu beaucoup de mal à m'y faire. Et même, je pourrais faire beaucoup de critiques acerbes sur la Bible (la place de la femme, hein). Mais en adoptant un point de vue un peu plus calme et en en faisant ma propre interprétation, j'ai découvert des choses qui valent le coup, là-dedans, et c'est ce que j'essaye de partager.

Alors, qu'est-ce qu'on disait ? Ah oui : « le fils ne peut rien faire de lui-même, il ne fait que ce qu'il voit faire au Père, et tout ce que le Père fait, le fils le fait aussi pareillement ».

Bon alors j'aimerais te faire durer le suspens, te faire chercher et tout, mais je ne suis pas aussi pédagogue que Jésus, alors je te la donne en mille : le Père, c'est toi. (Bah... Oui.)
(Je te laisse un peu avec ce plot twist. Remplace « Père » par « Soi » dans la Bible, ça fait un choc.)

Oui, c'est toi, MAIS seulement quand tu ne te prends pas pour ton égo (le fils).
Le Père, c'est ton « vrai » toi. Le « toi » qui existait avant même que tu aies une personnalité (donc un égo). Le « toi » qui existait avant même que te viennes en tête l'idée que tu étais « une personne » et que tu étais « séparé des autres ». Quand t'es gamin, c'est "l'âge de raison". Tu t'en souviens ? (On ne s'en souvient pas toujours...). A un moment, l'idée que tu étais quelqu'un, avec une personnalité, une histoire et tout, est devenue si utile, que tu l'as complètement intégrée. C'est à ce moment que tu as commencé à te prendre pour ton égo, à te prendre pour le fils.

« En vérité, je vous le dis, quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant n'y entrera point. »

(Tu vois, là il dit « Dieu », donc on voit bien que Dieu c'est pas le Père, pas tout à fait. Mais je parlerai de « Dieu » une autre fois.)
Bon ben clairement, Jésus te dit qu'un petit enfant a quelque chose qu'on n'a pas, et que c'est ce truc qu'il nous faut si on veut aller au paradis (hm, je reviendrai sur cette histoire de paradis).

Personnellement, vu ce qu'on m'a toujours plus ou moins répété, je croyais que Jésus disait ça comme : « Les enfants sont purs et innocents, vous vous êtes des gros crades plein de péchés, Dieu veut pas de ça chez lui, allez vous laver d'abord ».
Oui eh bien non, pas vraiment, hein. Ce qu'il dit, tout bêtement, c'est : « Quand t'étais gamin tu te prenais pas pour ton égo, aujourd'hui oui. Si tu arrives à faire comme quand t'étais enfant, c'est-à-dire en cessant de croire que tu es ton histoire et ta personnalité, pouf, tu te retrouves au paradis ».

C'est assez costaud comme phrase. Pas pour rien que le bouquin est un pavé, Jésus a un peu préparé ses apôtres avant de leur balancer ça. D'ailleurs si c'est la première fois que tu es face à ce genre d'idée, je te conseille de te poser deux minutes pour digérer ce que je viens de dire. C'est pas simple à saisir, je l'avoue.


Le royaume de Dieu, tu le retrouves après la mort, certes (quand t'es mort, t'as plus d'égo), mais pas obligatoirement. C'est une bonne nouvelle, non ? T'es pas obligé de mourir pour aller au « royaume de Dieu »  (youpi!).
Même après avoir un peu étudié le sujet, j'ai cru pendant un petit moment qu'il ne s'agissait pas de mourir physiquement pour aller au paradis, mais qu'il s'agissait de faire mourir notre égo. Aujourd'hui je me dis que je me trompais d'un chouïa. C'est pas l'égo qui meurt. C'est le fait que tu crois être lui, c'est ta croyance qui meurt. L'égo est toujours là, mais tu ne t'y identifies plus. Là commence la fiesta de la vita.



Et c'est là que je voulais en venir dans cet article. Tu te fais plus de mal que de bien, quand tu tentes de détruire ton égo. C'est frapper un allié ! C'est frapper le fils ! En fait il vaut mieux faire tout le contraire, et nourrir ton égo, lui donner tout ce dont il a besoin. Mais je ne te spoilerais pas plus, tu vas comprendre.

Tu me diras : « Oui mais attend, moi on m'a dit que l'égo c'était Satan, que Satan c'était l'ennemi, et toi tu me dis que l'égo c'est le fils, ça tient pas debout ».
Sauf que Satan, ce truc qui te tente tout le temps à l'auto-destruction, c'est ton égo aussi. C'est l'autre facette, d'une même pièce. L'égo, c'est le fils et Satan à la fois. Mais tu ne peux pas tuer l'un sans tuer l'autre. Et en fait, en réalité tu ne peux pas les tuer, tu vas juste te faire du mal pour rien en essayant.


« Comme Jésus connaissait leurs pensées, il leur dit : Tout royaume divisé contre lui-même est dévasté, et toute ville ou maison divisée contre elle-même ne peut subsister. Si Satan chasse Satan, il est divisé contre lui-même : comment son royaume subsistera-t-il ? »

Bon allez file-moi le royaume, qu'on en finisse
Alors là, la question que je me suis posée, c'est : « Mais si les choses sont bien faites, et que mon égo, au final, il est là pour m'aider : pourquoi il a une facette aussi handicapante ? Pourquoi il a commencé à déconner et à devenir Satan au lieu de simplement rester le fils ? ».
...Et je veux du concret ! Les réponses métaphysiques c'est rigolo mais ça n'aide pas. Parce que moi j'ai un problème sur les bras, et j'aimerais bien le résoudre, pour passer à autre chose. Pour l'instant, mon égo, il me les brise.

Bon, tu te doutes que je n'ai pas eu la réponse à ces questions toute cuite dans le bec. Mais j'ai quand même bien bénéficié des recherches et de l’expérience des personnes qui se sont posées la question avant moi. Comme il y a milles façons de dire les choses, je m'en vais de ce pas te donner la mienne. Elle te semblera peut-être plus facile à comprendre que ce pavé indigeste qu'on appelle la Bible.

Les épiques aventures de l'égo

"What the hell ?!"


D'abord, la petite histoire :



« Les fils de Dieu vinrent un jour se présenter devant l'Eternel, et Satan vint aussi au milieu d'eux. L'Eternel dit à Satan : « D'où viens-tu ? »
Et Satan répondit à l'Eternel : « De parcourir la terre et de m'y promener. »
L'Eternel dit à Satan : « As-tu remarqué mon serviteur Job ? Il n'y a personne comme lui sur la terre, c'est un homme intègre et droit, craignant Dieu, et se détournant du mal.
Et Satan répondit à l'Eternel : « Est-ce d'une manière désintéressée que Job craint Dieu ? Ne l'as-tu pas protégé, lui, sa maison, et tout ce qui est à lui ? Tu as béni l’œuvre de ses mains, et ses troupeaux couvrent le pays. Mais étends ta main, touche à tout ce qui lui appartient, et je suis sûr qu'il te maudit en face. »
L'Eternel dit à Satan : « Voici, tout ce qui lui appartient, je te le livre ; seulement, ne porte pas la main sur lui. »
Et Satan se retira de devant la face de l'Eternel. »


C'est beau, hein ? Moi je trouve ça très émouvant. Tu vois, à la fin, Satan se barre, et refuse le cadeau de Dieu, préférant sa merde au paradis. Avec tout ce que tu as appris sur ce personnage, tu te dis peut-être : « Il a honte, il est trop lâche, il est trop mauvais, il est trop irrécupérable ».
Et ça, c'est très révélateur. Tu vois, on est vraiment tenté de juger Satan.

Chienne de vie
Mais imagine que cette histoire t'arrive à toi. Un jour tu fais une connerie, peut-être que tu n'as même pas fait exprès, ou peut-être que si, mais voilà : tout te tombe dessus sans crier gare. Tu te retrouves en enfer. On a tous déjà vécu ça. Pendant des années peut-être, ensuite, on viendra te reprocher tout ce que tu fais et te persécuter. Peu importe que tu regrettes ou pas, tout le monde s'en fou de ce que tu penses et ressens, ils sont juste content d'avoir un bouc émissaire. Tu vois les autres, protégés, aimés, et toi tu es seul.
Puis, le grand gourou de tous ces joyeux salauds qui te rejettent vient te voir, ses larbins derrière lui en train de fanfaronner, et te dit : « Ok, vas-y, je te donne tout ce que tu veux, mais à condition que tu obéisses à mes règles ». Merci bien, Dieu !

Qu'est-ce que tu ressens à ce moment-là ?

Tu es en colère. Tu te sens trahi. Tu te sens humilié. Pas une seconde tu n'as envie de croire que ce type a de bonnes intentions pour toi. Comment ça se pourrait, après tout ce qu'il t'a fait ? Tu n'es pas stupide ! Tu t'es fait frapper trop te fois pour te laisser avoir. Tu préfères encore renoncer à tout, plutôt que de te rabaisser à obéir à quelqu'un comme ça.


C'est ça, Satan... 
(On pourrait en faire un film Marvel, « Satan : The Origins »... Enfin moi j'dis ça, j'dis rien !)

Peux-tu encore le juger ? On sait tous ce que ça fait d'être Satan, mais on a tendance à se critiquer durement sans comprendre. On n'a pas envie de montrer de l'empathie, parce qu'on n'aime pas cette part de nous. On croit qu'elle est mauvaise par nature, simplement parce qu'on a oublié pourquoi elle réagit comme ça, et on ne la comprend plus. Je ne te parle pas de divine nostalgie, je te parle de vrais souvenirs, des vieux souvenirs, de petite enfance ou plus tard, qui se sont malheureusement effacés ou enfouis trop loin dans notre mémoire.

"Je comprends. Je suis désolé."
Je te disais que c'était l'égo qui créait notre histoire, à partir de notre vécu. Mais tu dois connaître un peu le fonctionnement de la mémoire : quand quelque chose n'est plus utile, ça s'efface, ou bien ça devient une « vérité » qu'on ne va plus remettre en question, afin de pouvoir ranger le souvenir dans des archives bien poussiéreuses qu'on ne ressortira plus.
Tant qu'on parvient à savoir pourquoi on fait ce qu'on fait, pas de problème. Mais quand nos raisons sont trop vieilles, qu'on ne sait plus, et qu'on a une réaction qui nous semble inadaptée, qu'est-ce qu'on fait ? On se juge, on se blâme, on se critique, on se trouve défaillant. Voilà pourquoi Satan existe, et comment il en est venu à être cette face de nous qu'on veut détruire. Mais maintenant que tu connais son histoire, veux-tu encore le persécuter ?


Personnellement, je suis si émue en écrivant ces lignes, que j'ai surtout envie d'aller à la rencontre de cette part de moi, et de m'excuser. Lui dire que je ne savais pas, que je n'ai pas fait exprès. Lui dire que je vois, maintenant, que j'ai juste eu la chance de me trouver du bon côté quand le jugement est tombé. Parce que je suis le « fils » en cet instant, bien sûr, je suis identifiée à ma personnalité. J'ai envie de lui tendre la main, mais pas pour qu'il m'obéisse ou quoi. Juste pour qu'on puisse parler, discuter, apprendre à se connaître. Parce que je sais qu'il garde en lui tout un tas de trucs super utiles auxquels je n'ai pas accès, toutes ces choses qui étaient de son côté de la barrière.
Tu sais, tout ces trucs en nous qu'on croit moche. En fait, il ont juste été salis, recouvert de boue. Si tu oses enjamber la barrière pour rencontrer Satan, et que tu lui proposes ton aide pour qu'ensemble vous commenciez à nettoyer son territoire... Tu verras qu'en fait, en-dessous de la poussière (la colère, la honte, la tristesse, etc) se trouvent des choses si belles et brillantes qu'elles vont métamorphoser ta vie. Le royaume de Dieu.


Satan ne peut pas faire ça tout seul, parce qu'il s'en prend constamment plein la gueule


Ils m'ont même volé mes pompes, ces racailles!
Tu crois pas qu'il aimerait être heureux aussi ? Il ne sait juste plus comment faire, à force. Il n'y croit plus. Mais si pour une fois quelqu'un s'adressait à lui avec respect, d'égal à égal, et s'intéressait un peu à ce qu'il a à dire. Si on pouvait juste arrêter de donner des leçons, et écouter, faire preuve d'empathie, comme on soutiendrait un ami en deuil. Si on arrêtait de craindre Satan, et qu'on lui donnait une vraie chance. On n'a rien à perdre, c'est déjà la guerre. Si on arrêtait de juger, de faire de l'autre un ennemi, et qu'on se soutenait vraiment. Si on essayait d'aller à la rencontre de ces vieux souvenirs, pour comprendre ce qui s'est passé, et révéler la vérité sur des situations qu'on n'a pas été capable de gérer à l'époque...

Oui, ça demande du courage et du cœur, et c'est pas toujours joli. C'est l'épopée du héros que l'on est.

C'est comme ça qu'on rencontre son égo, Satan et le fils, et qu'on révèle le paradis, qui est sous nos pieds.


Quand à rencontrer le Père, ah ça, c'est une autre aventure ! Jésus et Satan iront trouver le Père quand ils auront réussi à se réconcilier. L'un sans l'autre, ils ne peuvent pas y arriver. Le Père est dans le royaume de Dieu, et celui-là est encore sous les décombres de la guerre qui fait rage. Le royaume n'est pas accessible, mais ça ne saurait tarder.



La suite au prochain épisode!




N.B.: Mettons-nous d'accord (tu commences sûrement à avoir l'habitude, avec moi, je passe mon temps à définir des concepts, c'est mon truc). Donc. J'ai dis en début d'article que :

« Notre égo, c'est la personne qu'on pense être. »

Alors oui, tous les mots sont importants ici :
C'est la « personne », donc une entité séparée du reste, avec une personnalité et un vécu, une histoire qui lui est propre...
...Qu'on « pense » : donc tout cela se trouve dans notre esprit, le notre, et pas ailleurs...
… « Être » : donc c'est un truc auquel on donne vie.

Jusque là ça va. L'égo, c'est donc une personnalité à laquelle on donne vie, dans notre esprit, et pour laquelle on se prend. La personne qu'on pense être. On pense être une personne, et cette personne qu'on croit être a une personnalité et une histoire qui lui est propre. C'est ça l'égo. C'est neutre. Là où ça peut commencer à poser problème, c'est après.

Désolée pour le rabâchage, simplement moi-même j'ai dû me remâcher ça dans tous les sens pour réussir à l'intégrer, le comprendre vraiment. Je me dis que c'est peut-être pareil pour toi.

Tu comprends sûrement mieux pourquoi Jésus dit qu'on ne peut recevoir le royaume de Dieu qu'en faisant comme un petit enfant. Le petit enfant n'a pas cette croyance, que nous avons nous. Il ne croit pas qu'il est son égo, il ne croit pas qu'il est « une personne ».
Il est, tout simplement.

J'avais déjà un peu parlé de l'égo dans mes vidéos, notamment ici.



PS: Plus haut, j'ai cité ceci :

L'Eternel dit à Satan : « D'où viens-tu ? »
Et Satan répondit à l'Eternel : « De parcourir la terre et de m'y promener. »


Maintenant que tu sais que Satan est une part de l'égo, tu sais aussi comment cet égo se crée ! En parcourant la terre... En gros, c'est le fait de vivre une vie incarnée sur Terre qui fait que l'on développe un égo. Tout simplement. C'est aussi naturel que la corne sous tes pieds. Et ça ne date pas d'hier, comme tu vois.



PPS: "Lucifer", en latin, ça veut dire "porteur de lumière". Qu'on n'vienne pas me dire qu'il n'y a pas anguille sous roche!

D'ailleurs, là dans cet article, je le fais un peu passer pour une grosse victime, mais ne t'en fais pas, dans la suite, il rocks du poney. Autant que Jésus d'ailleurs. 

Dream Team. Epic as fuck. So much charisme. Wow.