lundi 3 avril 2017

Une vie de sorcière



Peut-être voudrais-tu que je te parle un peu plus de ma vie. Que je fasse ce genre d’article tout simple, pour entrecouper deux « gros morceaux » (comme ce que j’avais fait pour parler de la wicca, ou celui qui commence cette grosse série qui parle de l’égo).

Oui, un article tout simple, peut-être pour raconter un peu comment se passe une vie de sorcière. Nous manquons d’exemples, je crois, nous manquons souvent d’inspiration pour « sorcièriser » nos vies, et le résultat peut ressembler à quelque chose qui est trop surfait, trop calqué sur une image qui ne peut être la réalité d’un humain authentique. Parce que je ne crois pas aux quotidiens rangés, ni aux vies Tumblr.

Beaucoup de chaos ici, mais surtout dans ma tête. Dans le bon sens du terme.  Ce week-end, pendant que je parlais avec le chat (mon amoureux, je n’ai malheureusement pas d’animal chez moi) j’ai réalisé à quel point certains mots de mon vocabulaire avaient pu changer de couleur, depuis que j’ai commencé à transformer ma vie. Je veux dire… Je ne ressens plus ces mots de la même façon, et par moment ça me donne l’impression d’être à côté de la plaque, ou que la personne en face est à côté de la plaque, car nous utilisons les mêmes mots pour des sentiments opposés. Par chance nous avons à peu près « les même couleurs » pour « les même mots », le chat et moi.

Chaos, bizarre, sauvage, anarchique, flou, fouillis, étrange, tordu, chargé (de couleurs, de trucs et de bidules), brut : tout ça sont des compliments. De vrais compliments, j’entends, pas d’équivoque !
Et puis : normal, rangé, gentil, sobre, propre, mesuré, tout ce qui est l’équivalent de « fine » en français, c’est comme si ces mots étaient devenus des symboles de décadence.

Bien sûr, ce ne sont que des mots. Mais je crois à la magie des mots. Je crois que l’on peut transformer sa vie en changeant notre regard sur des mots, ou en changeant notre vocabulaire.

Avec du recul, cela me fait beaucoup penser à ce qui a rendu si célèbre la famille Addams, avec leur fascination pour le morbide. Je n’en suis pas là. Je ne crois pas que j’appellerais mon futur enfant « Répugnant » ou « Morve desséchée », si tu vois ce que je veux dire. Mais je crois qu’elle a raison, la famille Addams, quand elle trouve son bonheur et son amour en incarnant du positif dans ce qui semble négatif.

Aujourd’hui j’ai prévu de nettoyer mon autel. Laver quelque chose est toujours un acte magique, on peut parler de purification. Cela peut concerner la vaisselle ou son propre corps, mais quand il s’agit du petit lieu sacré de mon appartement, j’en fais un genre de rituel, un peu plus élaboré. C’est la raison pour laquelle mon autel est souvent sale et poussiéreux : je ne le nettoie pas n’importe comment. Je fais brûler du benjoin et je prends le temps. D’abord, je dépoussière chaque objet un par un, en me connectant émotionnellement à lui lorsque je le prends dans mes mains. Je suis dans cet état d’esprit où je « prends soin », je me remplis de ce sentiment et je communique ça dans mes gestes. Tour à tour je nettoie et pose par terre tous ces objets pendant que l’encens se consume. Je peux mettre de la musique, en même temps, pour me mettre dans une ambiance païenne voire wiccane. Une fois cela fait, je dépoussière la petite table. A ce stade, le benjoin a fini de brûler (pour le benjoin, j’utilise des sorte de petits cailloux de résine que je pose sur du charbon ardent, généralement cela ne met pas longtemps à se consumer entièrement). Puis j’allume un bâton d’encens, qui sera plus long à se consumer. L’ensemble de ce petit rituel est fait la fenêtre ouverte, parce que le benjoin enfume tellement l’appartement que l’air en serait irrespirable, sinon. Puis je pose, un à un, chaque objet, sans essayer de les remettre comme avant. En fait je laisse l’objet me dire où il veut être placé, je laisse parler mon inspiration et mes sensations. Je termine en allumant une bougie blanche.

C’est une journée placée sous le signe de la lenteur, car je travaille mon ancrage (encore ! eh oui !). L’idée c’est de prêter attention le plus régulièrement possible à : « Où est mon esprit ? ». Est-il dans mon corps, est-il ici, maintenant, ou est-il en train de vagabonder au passé ou au futur ? Il est plus facile pour moi de maintenir mon esprit dans mon corps et non dans mon imaginaire quand je lève le pied, quand je ralentis. Quand je pose vraiment chaque acte avec en tête cette qualité de présence que représente l’ancrage à la terre, l’ancrage dans l’incarnation.
J’ai décidé que j’allais aussi prendre soin de mon corps, car c’est quelque chose que je fais peu et pas assez bien à mon goût. Je ne suis pas du genre à me fondre quasi-quotidiennement dans la superficialité, je comble mon besoin de beauté autrement. Ça peut m’arriver, parfois, de vouloir me maquiller et bien m’habiller, mais c’est assez rare au final. J’aime bien n’en avoir pas grand-chose à faire. Ce n’est pas si facile qu’il n’y parait parce que ça demande une certaine confiance en soi. Mais s’efforcer d’oublier à quoi on ressemble permet de renforcer la confiance en soi, je trouve. Avant, je ne pouvais sortir si mes cheveux n’étaient pas parfaitement lissés, mes yeux cernés de khôl et ma tenue suffisamment satisfaisante. En fait, j’étais constamment obsédée par ma coupe de cheveux et mon image, je n’étais pas bien si j’avais l’impression qu’un petit truc dépassait ça et là. Il n’y a pas meilleur moyen de perdre son ancrage. Aujourd’hui je sors avec les cheveux en bataille, et puisque toutes les mèches dépassent de partout, alors aucune ne dépasse. Au final, personne ne me fait de remarque, et je devine que depuis toujours je me prenais la tête pour rien au sujet de mon apparence.

En fait, si, je me suis déjà pris quelques remarques (pas trop méchantes), mais j’avais déjà pu constater les bienfaits de cet état d’esprit, alors elles n’ont pas eu beaucoup d’impact. Je suis mieux dans ma peau ainsi, et je crois qu’une personne qui est bien dans sa peau fait de la meilleures magie, quoi qu’on en dise.

Du coup je vais… Je ne sais pas, laver mes cheveux avec de la poudre d’ortie et mettre de l’huile d’olives sur mes jambes et mes bras. Quelque chose du genre ?

Pour avril, je me suis fixée de sortir me balader au moins une demi-heure par jour, même s’il fait moche ou froid. Déjà parce que c’est agréable et que ça va me renforcer, mais en plus ça va me fournir une motivation positive pour arrêter de fumer. Quand je marche et que c’est si beau et que j’ai envie de courir partout, je sens les limites de mes poumons qui n’en peuvent plus, et là je me dis : « Ok, j’ai une raison très concrète de désencombrer tout ça. Si à ma prochaine balade je veux sentir que mon corps est plus facile à transporter, alors je vais changer ma façon de faire. »
Sortir tous les jours va, je l’espère, graver cette sensation en moi, et m’encourager dans ma démarche. Je VEUX être en forme. Je veux être capable de grimper et jouer comme un enfant. Je veux pouvoir profiter de la nature et de tout ce qu’on peut faire en tant qu’humain, et ce même à 40 ans passés. Et ça commence avec aujourd’hui.

En rentrant je pense que j’aurais envie de me faire une bonne tisane chaude, du genre tisane au thym ou pissenlit-fenouil. J’aimerais tellement avoir un jardin pour faire pousser de l’ortie, du thym, du pissenlit et de la fenouil. A défaut j’achète ça en supermarché, et c’est déjà très bien. Je veux dire : ça a bon goût, et puis ma vie est si luxueuse, je peux me permettre tellement de choses. Comme flemmarder devant une série avec une tisane, après une bonne balade. Je ne suis plus autant série-vore qu’avant, mais quand je le fais, je me sens vraiment chanceuse. C’est merveilleux de pouvoir se permettre de faire des choses futiles de temps en temps.

Je suis dépourvue de routine, le quotidien occidental est pour moi une utopie que je savoure en mettant progressivement en place quelque chose de différent, quelque chose de durable. Le luxe d’un chauffage et d’un toit sur la tête, de ces murs qui garantissent mon intimité et de ces placards constamment remplis de nourriture me mettent souvent les larmes aux yeux parce que je me sens bénie.

C’est la base de ma vie de sorcière urbaine.

Des bisous !

PS: En rentrant, j'ajouterai sûrement des photos de ma balade à cet article...


Viens faire un tour dans mon paysage émotionnel pour te réconcilier avec les éléments feu et air:



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